Gestion des espaces extérieurs

photo Gestion des espaces extérieurs

Principe

La gestion des espaces verts a des impacts non négligeables sur l'environnement (consommation d'eau, production de déchets, utilisation de produits phytosanitaires, pollution des sols…), sur le social (qualité et cadre de vie, santé…), sur l'économie (réduction de la resource en eau, rationnalisation des coûts, valorisation des déchets verts…).

Depuis plusieurs années pour diminuer ces impacts sur la nature, une gestion des espaces différenciée est recommandée selon la nature et l'usage du lieu. Elle assure ainsi un équilibre entre accueil du public, développement de la biodiversité et protection des ressources naturelles. Ses objectifs sont :

  • Enrichir les espaces verts d'espèces végétales et animales régionales
  • Limiter les impacts négatifs sur un environnement déjà malmené
  • Créer un cadre de vie agréable et des paysages diversifiés

Explications

Les espaces peuvent être répartis de la manière suivante :

  • les espaces les moins fréquentés, les plus fragiles peuvent être « abandonnés » ou fauchés ou pâturés de façon extensive (une fois par an ou tous les 2 ans). Ces espaces permettent de garder des « refuges » pour la biodiversité et une plus grande diversité de paysages.
  • des espaces tondus et entretenus plus intensivement en raison de leurs fonctions (aires de jeux, emplacements de camping, …).

Suivant la superficie des espaces extérieurs, il peut être intéressant de mettre en place des plans de gestion différenciée qui permettront de définir les priorités et de coordonner les efforts adaptés à chaque espace. Il est important de mettre en place des plans de gestion pour pouvoir non seulement établir un diagnostic des pratiques existantes mais également fixer des objectifs et prendre la mesure des progrès réalisés. Les plans de gestion sont à réaliser en fonction du type d'espace et de la force du contrôle exercé sur la nature. On classe donc les espaces du plus maîtrisé, de type prestige, plantés de plantes très ornementales, souvent taillés et tondus, aux plus sauvages, de type friche débroussaillés tous les 3 à 5 ans. Cette division est à réaliser en fonction des usages (une friche n'est pas toujours acceptable dans un espace récréatif), des moyens et des superficies mais peut être appliquée à toute taille de commune.

On commencera par réaliser un inventaire de tous les espaces verts, en précisant leur(s) usage(s), leur fréquentation, et leur gestion. En regroupant les espaces par usage, on pourra alors déterminer à quel point l'aspect "sauvage" sera accepté et accueilli par type d'espace. Il faudra alors dresser un cahier des charges spécifique à chaque type d'espace, en précisant le matériel, la fréquence des interventions et le type de végétaux pouvant être plantés. Ce type de document, s'il est bien réalisé, par une concertation entre gestionnaire, jardiniers et usagers, pourra permettre de coordonner réellement les efforts et de ne pas effectuer de travaux en vain, voire de mettre en place des expérimentations (nouvelles espèces, associations, paillages originaux, couvre-sols…) dans des espaces dédiés.

Plus précisément, quelques conseils utiles :

Economiser la ressource en eau 

  • Utilisez des systèmes d'arrosage automatisés : les programmateurs permettent d'éviter les oublis et de distribuer l'eau à la juste quantité et au bon moment (le soir ou le matin pour limiter l'évaporation).
  • Les tuyaux avec goutte-à-goutte ou micro-aspergeurs acheminent l'eau seulement là ou elle est nécessaire (et non pas sur les allées par exemple).
  • Installation d'un système de récupération de l'eau de pluie pour les pratiques d'arrosage et de nettoyage : les économies réalisées sur les factures d'eau peuvent être très significatives en fonction des surfaces à entretenir.
    Pour calculer le volume d'eau que l'on peut récupérer : Surface au sol du bâtiment (m²) x pluviométrie de la région -10% (évaporation)
  • Optimisation des arrosages en les réalisant tôt le matin ou en fin d'après-midi
  • Utilisation des techniques de couverture de sol (paillage)
    Avantages de cette technique : limiter l'évaporation de l'eau, limiter les variations de température du sol, limiter les mauvaises herbes, améliorer la structure et la vie du sol. Les différents types de paillis :
    • Copeaux, écorce décomposée, déchets de taille (à base de bois) : durent longtemps, pauvres en matière organique, peu chers
    • Écorces de fèves de cacao: riche en azote, déchets de l'industrie du chocolat (co-produits)
    • Tontes de gazon, terreau de feuilles : riches en azote, durent peu, parfait pour les plantes annuelles, laisser sécher avant paillage (risque moisissures)
    • Paille, paillette et foin : riches en potassium, parfait pour les sols sableux ou terrains en pente (limitent l'érosion)
    • Carton ou papier journal : économiques, pages sans couleurs (métaux lourds), chevauchement + terre par dessus
    • Toile en fibre de coco ou en jute : biodégradable en 3 à 4 ans, existent en grand format (surfaces importantes), perméables mais ne laissent pas passer la lumière

Valoriser les déchets verts par compostage

  • Valorisation des déchets verts produits par l'entretien des espaces verts (jardin, parc, terrain de camping)
  • Renforcement du stock d'humus du sol, alimentation des plantes de façon continue

Pour favoriser la biodiversité

  • Favoriser le désherbage mécanique, thermique, manuel
    • Manuel: binette, sarclage, raclage, …
    • Sabots ou brosse rotatives (tracteurs)
    • Appareils à gaz: flamme directe et infrarouge
    • Appareils à eau chaude ou à vapeur
  • Pour diminuer le désherbage, le paillage ou les plantes couvre sols permettent de gagner du temps en entretien.
  • Tirez profit des défenses naturelles : au lieu de s'attaquer aux ravageurs, on peut favoriser la présence de leurs prédateurs (auxiliaires) avec "des maisons à insectes "ou des plantes qui les éloignent (plantes compagnes)

Eviter les pesticides

  • Supprimer ou du moins limiter l'utilisation de produits phytosanitaires
    • Ils contiennent des produits chimiques de synthèse qui en font des produits dangereux et potentiellement polluants pour le sol et l'eau
    • Si vous ne pouvez les éviter, respectez scrupuleusement les doses prescrites. (Cf. Fiche de Données de Sécurité)
    • Utilisez de préférence des produits acceptés en agriculture biologique (produits écolabellisés).
    • Ne traitez pas avant une pluie ni sur les dallages, car les produits ruisselleront rapidement dans la nature
  • Donner un  nouveau visage au jardin et éviter le développement de maladies. (plus d’infos sur : http://www.ademe.fr/particuliers-eco-citoyens/habitation/jardiner-autrement/jardiner-pesticide )

    Mise en oeuvre

    • Réaliser un inventaire de tous les espaces en précisant : les usage(s) (ex. aire de jeux), la fréquentation (élevée 20 enfants / jour pendant 30 min en moyenne), technique et fréquence d'entretien actuel (tondu tous les 2 jours en saison), les types de végétaux en place…
    • Tester et mettre en place les actions intéressantes selon chaque établissement (cf. rubriques "explications")
    • Formation des équipes
    • Communication et sensibilisation des clients : par exemple, prévoir des panneaux d'explication des espaces laissés en jachère, non tondus.

    Coûts

    Le coût est très variable d'une méthode à l'autre. Il faut aussi prendre en considération le temps gagné en main d'œuvre et les économies effectuées sur les achats de produits phytosanitaires.

    Bénéfices

     Bénéfices économiques

    • Réduction des charges d'exploitation : ex. moins d'engrais à acheter, remplacé par un engrais naturel.
    • Temps de gestion des déchets des produits phytosanitaires
    • Image très positive auprès de la clientèle

    Bénéfices environnementaux

    • Diminution de son impact sur la ressource en eau
    • Favoriser la biodiversité
    • Un sol plus riche
    • Moins de temps passé au désherbage grâce au compostage, au paillage et au plantes couvre sol

    Bénéfices sociétaux

    • Diminution des impacts sur la santé du personnel
    • Sensibilisation du personnel et clients au respect du sol et des ressources
    • Motivation de l'équipe autour d'un projet commun / responsabilisation des salariés dans leur travail

     

     

     

    Contraintes

    • Formation des équipes à des nouvelles méthodes de travail et de nouveaux matériels
    • Réticence des équipes sur ces méthodes considérées comme non productives et consommatrices de temps
    • Démarche à long terme 
      • On ne peut pas espérer remplacer du jour au lendemain tous les désherbages chimiques par des désherbages manuels. Réduire ou supprimer l'utilisation de pesticides prend du temps en premier lieu, pour déterminer les zones à ne plus désherber ou pour apprendre à manier les désherbeuses mécaniques ou thermiques.
      • Recherche de fournisseurs tant en terme de produits végétaux que de matériels